Originaire de Bari dans les Pouilles en Italie, Pasquale Cagnetta est venu à Besançon pour exercer l’activité de tapissier. Il s’installe en 1963 au 132 puis au 138 Grande Rue, en plein centre historique. Puis en 1974 il déménage à Geneuille, à quelques kilomètres de la sortie nord de Besançon, tout en conservant un magasin à Besançon rue de Vesoul, puis rue Midol.

Ses fils, Alain et François, ont repris les rênes de l’affaire familiale. Tout petit déjà, Alain dessinait alors que François s’amusait avec les clous de tapissier et un marteau. Ils ont baigné depuis leur enfance dans le métier et ils ont satisfait l’ambition de leur père de les voir perpétuer son activité.

Alain gère aujourd’hui le magasin de meubles contemporains et s’occupe de la communication, François, lui, a perpétué l’activité de tapisser-décorateur, jonglant avec les clous, le tissu, les sangles et les ressorts pour donner une seconde vie aux sièges et aux fauteuils.

La Maison Cagnetta est une belle histoire, celle d’une entreprise familiale qui fête en 2023 ses 60 ans et qui fait désormais partie du patrimoine bisontin, l’histoire d’un petit bout d’Italie à 5 minutes de Besançon.

“Nos meubles ne pas seulement esthétiques, ils sont aussi d’une grande technicité et ils sont faits pour durer !”

Sous l’impulsion d’Alain et de François, la Maison Cagnetta est devenue au fil des décennies une institution bisontine de référence, reconnue pour la qualité de ses produits et de son travail. Elle est aussi devenue synonyme de mobilier design et contemporain dans la capitale franc-comtoise. On peut y trouver les plus belles marques italiennes telles que Calligaris, la référence du design néerlandais Leolux, le scandinave Stressless qui a révolutionné le confort, mais aussi la plus belle marque française de canapés, Duvivier, ainsi que les produits Presotto, Lattoflex, Martinelli, Ditre Italia…

Le Cagnetta Store de Geneuille est La Mecque des amateurs de beaux objets et de mobilier !

“On ne vend pas des meubles en kit qui durent deux ans, pour ne citer personne…” lâche Alain. “Nos meubles sont non seulement très esthétiques, mais ce sont aussi des prouesses techniques” dit-il en déployant l’allonge escamotée d’une table avec deux doigts seulement et en moins de trois secondes. 

“Et puis ils sont faits pour durer, on n’est pas dans le consommable. Certaines marques comme Calligaris permettent tellement de personnalisations qu’on est quasiment dans du sur-mesure. C’est de la haute couture !”

Alain va tous les ans à Milan, capitale européenne du Design, découvrir les dernières collections et dénicher les futurs succès du Cagnetta Store. “C’est une ville folle, on en prend plein les yeux”.

“Certaines familles nous sont fidèles depuis plusieurs générations, nous avons meublé les grands-parents, les enfants et aujourd’hui nous meublons les petits-enfants”

Canapés, fauteuils, tables, chaises, tables basses, meubles tv, meubles de rangement, tapis, luminaires, les perles du design contemporain se succèdent dans des ambiances travaillées.

“Touchez ce cuir, c’est un Duvivier”, me dit-il en passant sa main sur un superbe canapé. Le toucher du cuir est d’une douceur incroyable, sensuelle, presque suave.

“C’est un cuir pleine fleur exceptionnel, c’est le cuir le plus noble. Duvivier est une maison française qui existe depuis 1840 et qui a le label Entreprise du Patrimoine Vivant. Leur travail est fait à la main, c’est un produit vraiment très haut de gamme ! Ça n’a rien à voir avec les cuirs bas de gamme traités à l’excès de certains concurrents. Le toucher des cuirs Duvivier est vraiment remarquable. Nos clients sont des connaisseurs qui ne voudraient rien d’autre !”

“Nos clients ont de vrais coups de cœur pour nos meubles”.

“La Maison Cagnetta est devenue, dans les années soixante-dix, le fournisseur de toute la bourgeoisie bisontine, des clients exigeants qui recherchaient de l’exclusivité, de la qualité et aussi un certain sens du service. Nous avons été à bonne école. Notre clientèle a évolué mais certaines familles nous sont fidèles depuis plusieurs générations, nous avons meublé les parents, puis les enfants, voire les petits-enfants. Nous recevons aussi beaucoup de frontaliers qui recherchent des produits qui se démarquent. Nos produits s’adressent à des amateurs de belles choses, mais la gamme de prix est très large. Nos clients ont de vrais coups de cœur pour nos meubles. Nous travaillons aussi régulièrement sur des aménagements complets, pour des maisons de vacances par exemple, nous avons une vraie expertise en décoration et en aménagement, nos clients cherchent un conseil éclairé”.

Comment a-t-il vécu la période du Covid ?

“Ça a été compliqué, c’était l’inconnu, mais les gens ont passé beaucoup de temps enfermés chez eux, ils se sont rendu compte que leur canapé avait besoin d’être remplacé, que certains meubles n’étaient pas fonctionnels et ils avaient un budget disponible. Donc au final ça a plutôt été positif pour le secteur de l’ameublement ”.

Avant de le quitter, Alain me présente sa caverne d’Ali Baba, la tissuthèque. Des milliers d’échantillons de tissus de tous types sont soigneusement rangés et classés sur des mètres et des mètres de rayonnages.

“Nous avons une des plus grandes tissuthèque de la région, il y a des milliers de références. Nous travaillons avec une vingtaine de marques de tissus comme JAB, ELITIS, CASAMANCE, MISSONI, RUBELLI, BOUSSAC… Nous pouvons satisfaire les demandes les plus exotiques, il n’y a presque pas de limites !” me dit-il des étoiles plein les yeux. À plus de 60 ans, la passion du métier est toujours bien présente !

Maison Cagnetta – 45 rue Lyautey, 25870 Geneuille

Tél. 03 81 57 70 77 – www.cagnetta.fr

Le tapissier décorateur est un technicien qui maîtrise un savoir-faire technique ainsi qu’un un créatif qui sait réinterpréter des classiques.

L’atelier est le royaume de François. Il y trône entouré des sièges de toutes sortes, fauteuils crapauds, canapés, fauteuils voltaire, méridiennes, qu’il restaure avec talent. Il ne fait pas que leur donner une seconde vie, il sait aussi les réactualiser complètement. Sous les coups de son marteau magique, le fauteuil crapaud se transforme en un prince charmant vêtu des plus belles étoffes.

Les clous de tapissier en bouche, François a des gestes sûrs et précis. “Il faut faire très attention de ne pas les avaler” dit-il en plaisantant. Il parle d’expérience !

“Un tapissier doit savoir travailler le tissu mais aussi le cuir, les gens l’ignorent souvent” explique François.

“Un tapissier fait aussi la pose de voilages, tend des tissus muraux ou revêt sols et plafonds. Il peut coordonner l’habillage des murs et des accessoires (rideaux, coussins et parures de lits) en collaborant avec un architecte d’intérieur pour la décoration d’appartements, d’hôtels, de bureaux”.

François a suivi une formation de 3 ans à l’École de Neufchâteau dans les Vosges, une référence équivalente à l’École Boulle à Paris. “C’est un métier qui nécessite des compétences techniques, de la patience, de l’habileté manuelle mais il faut aussi être créatif et être à l’aise sur le plan relationnel pour bien comprendre la demande des clients”.

Parmi ses faits d’armes, François a mis son talent au service du mobilier du Conseil Constitutionnel et du Conseil d’État !

Le tapissier décorateur est l’héritier des artisans qui, du XVIe au XIXe siècle, garnissaient les bergères, voltaires, fauteuils, crapauds et autres « commodités de la conversation ».