Olivier Delbard vient d’obtenir le prix du Lions Club Est pour son premier roman,”La voie cendrée”, aux éditions Coxigrue, une maison d’édition bisontine spécialisée dans la littérature nature.

Olivier Delbard bonjour, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je vis près de Dijon depuis une vingtaine d’années. Mes racines sont à la fois jurassiennes et bourbonnaises. Autant j’aime le Bourbonnais où j’ai grandi, autant j’ai toujours eu une attirance pour la Franche-Comté, le massif jurassien. J’aime l’esprit libre et le caractère direct et authentique de ses habitants. Quant aux lieux, j’aime tout particulièrement le Haut-Doubs, tout le territoire qui s’étire le long de la frontière suisse. Depuis Pontarlier jusqu’à Chapelle-des-Bois. J’aime aussi le Morvan, souvenirs d’enfant quand j’accompagnais mon grand-père dans ses tournées de courtier en vin. Finalement, vivant près de Dijon, je me trouve en quelque sorte entre ces deux territoires.

Enseignant, j’ai écrit plusieurs essais sur l’écologie et le développement durable. J’ai également publié plusieurs recueils de poésie (notamment aux éditions La Renarde Rouge, et à L’Atelier des Noyers). Mon premier roman, “La voie cendrée”, est paru en novembre 2021 aux éditions Coxigrue, une maison d’édition bisontine spécialisée dans la littérature nature. 

Mon deuxième texte en prose, un récit-roman intitulé “La mort peut attendre”, vient de paraître aux éditions L’Atelier des Noyers, situées près de Dijon et spécialisées dans la poésie.

Quels sont vos thèmes de prédilection ?

J’aime la nature, j’ai toujours été fasciné par les espaces sauvages, en marge… Je cherche à travers mon écriture à décrire ces liens authentiques qu’il est possible de tisser avec la nature, mais aussi avec les autres. Je m’inquiète de cette perte de sens dans notre société hyper individualiste et de plus en plus factice. Je souhaite également explorer des cheminements de vie qui visent à plus de sérénité, d’équilibre, et d’harmonie.

Qu’est-ce qui vous plaît dans l’écriture ?

Mon écriture poétique privilégie la forme courte, c’est le travail sur les mots, le rythme, les sonorités que j’aime. Je le compare au travail d’un artisan qui sculpte, rabote, polit… La lecture à haute voix m’aide dans le travail d’élaboration de mes poèmes.

Parlons maintenant de votre premier roman, “La voie cendrée”. Pourriez-vous nous le présenter en quelques mots ?

“La voie cendrée” s’inscrit dans la ligne éditoriale de la maison d’édition Coxigrue pour laquelle la nature doit jouer un rôle clé. On y suit le parcours de Jérôme, cadre d’une cinquantaine d’années, qui vit en région parisienne et a semble-t-il « réussi » sa vie. Pourtant le passage de centaines de grues cendrées dans le ciel un jour d’automne va déclencher en lui une remise en question radicale… Il va se replonger dans ses racines, dans son enfance, se reconnecter à la nature, et rechercher de nouveaux liens avec les autres.

Quels sont les principaux thèmes abordés dans votre roman ?

“La voie cendrée”, tout en racontant l’itinéraire singulier d’un homme et la remise en question de son mode de vie, est une plongée dans de multiples paysages, dans le spectacle de la nature, et dans l’univers des migrateurs. Plus largement, mon intention était de faire passer quelques messages sur la nécessité de nous sortir de cette société dans laquelle nous évoluons, toxique pour la planète et qui affaiblit inexorablement les liens entre nous autres humains.

Il s’agit au bout du compte de réhabiter notre environnement de manière plus directe et authentique. Alors que j’ai écrit ce roman avant la
pandémie du Covid, je pense que ces thèmes résonnent aujourd’hui fortement pour nombre d’entre nous.

Le roman finalement parle de migration sous des formes très diverses…

Oui en effet. Il s’agit tout d’abord de la migration intérieure et géographique du personnage. Le roman bien sûr suit ensuite la migration des grues cendrées, en évoquant d’ailleurs d’autres migrateurs. Sans oublier
des migrants syriens qui s’invitent dans le roman, en contrepoint.

Vous venez de publier un deuxième texte en prose, “La mort peut attendre”. Pouvez-vous nous en parler ?

“La mort peut attendre” est un texte plus personnel, voire en partie autobiographique. Le point de départ est une chute de vélo qui conduit le personnage masculin dans le coma. Le récit suit de manière alternée ce qui se passe dans sa tête avec la réaction de sa compagne face à l’accident. Le récit est construit de manière cinématographique, notamment quand j’ai imaginé les scènes qui défilaient dans la tête du personnage masculin tombé dans le coma.

Pourquoi avoir choisi une écriture en prose pour ce deuxième roman ?

Je dirais que mon deuxième roman est plutôt un
récit. J’avais choisi une construction particulière
(alternance entre elle et lui), des textes courts, comme
des séquences, qui se rapprochent de mon travail en
poésie notamment pour ce qui concerne le personnage masculin. Le choix d’une forme de narration plutôt qu’une autre est difficile à expliquer ! J’ai commencé par écrire des textes plus courts, de la poésie, mais le besoin montait depuis des années de raconter des histoires sous une forme longue. Très honnêtement je n’étais absolument pas persuadé d’y arriver quand je me suis lancé… Et maintenant ce type d’aventure au long cours me plaît. Ce qui ne m’empêche pas d’écrire toujours de la poésie !

Quel message aimeriez-vous faire passer avec ce second texte ?

Il s’agit d’un récit qui flirte avec la mort, pour souligner l’importance de la vie, de l’amour, des moments forts d’une existence qui souvent ne sont pas les plus « importants » aux yeux des autres. Le récit se veut optimiste, avec l’idée qu’on ressort plus fort de certaines épreuves.

Avez-vous un projet en cours ou à venir dont vous pouvez nous parler ?

J’ai commencé il y a quelque temps l’écriture d’un
nouveau roman, à cheval entre la France (essen-tiellement le Jura) et le Liban, qui est un pays que je connais depuis de nombreuses années. Je m’y rends régulièrement depuis vingt-cinq ans car j’enseigne dans une école née d’un partenariat entre la France et le Liban.

Il y sera question de drames, mais aussi du réconfort de la nature, plus précisément de la montagne, ici et là-bas.

Merci Olivier et nous souhaitons bon vent à vos projets !

Nos lectures du moment

Folio

Jón Kalman Stefánsson

Ton absence n’est que ténèbres

© Folio

Du grand maître islandais Jón Kalman Stefánsson, le roman vient de paraître en poche chez Folio. En Islande, dans les paysages désolés et âpres des fjords de l’Ouest, un homme sort du sommeil, amnésique. Sur une tombe du petit cimetière, lorsqu’il découvre l’inscription « ton absence n’est que ténèbres », les habitants s’emploient doucement à lui faire retrouver la mémoire, à travers des récits couvrant plusieurs générations. La narration éthérée, entre rêve et réalité, est superbe. 

Gallimard

Stéphane Carlier

Clara lit Proust

© Gallimard

Stéphane Carlier crée un choc culturel sensible et touchant, lorsqu’une coiffeuse de Saône-et-Loire ouvre un livre oublié par un client. Cette lecture inattendue de l’œuvre du mythique Marcel Proust change son regard sur sa vie, bousculant avec humour les personnages truculents du salon de coiffure. Un roman au style enlevé qui dédramatise la littérature classique et donne le sourire ! 

© Le héron d’argent

Le héron d’argent

Jean-Pierre Favard

Les démons du Shérif Mc Kenzie

Jean-Pierre Favard, bien connu pour son amour du fantastique (La Clef d’Argent), nous embarque dans les plaines américaines, en pleine Guerre de Sécession, pour un western mêlant réalité et surnaturel. L’écriture fluide nous projette entre le général Custer, le Shérif et les tribus indiennes. Les enjeux dépassent l’Histoire et donnent une autre lecture de l’Amérique, dans une édition soignée comprenant un cahier d’illustrations. 

© La manufacture des livres

La manufacture des livres

Arnaud Friedmann

La femme d’après

Arnaud Friedmann signe un roman d’une grande délicatesse, à travers une femme évitant de peu une agression. Ce non-évènement passé inaperçu, éclipsé par la mort de la véritable victime, soulève en elle une douloureuse introspection, un traumatisme silencieux et obsessionnel. Ce qui devait être une victoire face à un fait divers devient une faille, un gouffre dans lequel on plonge avec cette femme. Sombre mais percutant. 

Nos coups de cœur audiovisuels du moment

Série

The White Lotus

©  HBO – Warber Bros.

Dès le générique le ton est donné, mélodique et capiteux, mais légèrement dissonant. Et les dissonances ne vont pas manquer pour ces vacanciers fortunés dans un hôtel de luxe hawaïen. Petit à petit le rideau se déchire, les masques tombent et l’irréparable finit par se produire. 

Cette mini-série de Mike White est un véritable chef-d’œuvre au ton unique qui aborde différentes thématiques tels que la lutte des classes et les problématiques générationnelles et raciales. Une comédie à suspens grinçante à voir absolument.

Et la saison 2, qui se déroule en Sicile, est du même niveau !

Saison 1 – 6 épisodes / Saison 2 – 7 épisodes.
Disponible sur OCS.

Série

Succession

©  HBO – Warber Bros.

Succession est sans doute LA série dramatique des cinq dernières années. On y suit les déchirements de la famille Roy, qui possède Waystar RoyCo, l’un des plus puissants conglomérats des États-Unis, présent dans le domaine des médias et du divertissement. Dans la saison 1, Logan, le patriarche et fondateur de l’entreprise, est victime d’un accident vasculaire cérébral et doit envisager sa succession. Rien ne va plus dans l’empire familial et ses quatre enfants se déchirent et rivalisent de stratégie et de fourberie pour prendre sa place. Mais le patriarche n’a pas dit son dernier mot ! Dévorez sans attendre les 4 saisons haletantes de cet ovni télévisuel.

Saison 1 – 10 épisodes
Saison 2 – 10 épisodes
Saison 3 – 9 épiisodes
Saison 4 – 10 épisodes,
disponible sur Prime Video.

©  FLX & all3media international

Série

Blinded

Une jeune journaliste suédoise décide d’enquêter sur la banque que dirige son amant et dont la réussite semble trop belle pour être vrai. Elle décide de chercher la vérité, peut-être pour lui prouver sa valeur, mais la vérité a un prix ! Et personne ne sera épargné.

Même si certains ressorts scénaristiques cèdent parfois à la facilité, la tension est constante et la manière d’aborder les conséquences des révélations provoquées par la jeune journaliste singularise cette série. Le casting et l’interprétation sont impeccables et la finesse du scénario qui évite le manichéisme habituel rend cette série très attachante. 

Saison 1 – 8 épisodes / Saison 2 – 8 épisodes.
Disponible sur OCS

© Netflix

La manufacture des livres

Eurovision Song Contest – The story of fire saga

Inspiré du concours Eurovision de la chanson, le film suit un duo islandais fictif, interprété par Will Ferrell et Rachel McAdams, sélectionné pour représenter leur pays lors de la compétition musicale. Si vous êtes allergiques au second degré passez votre chemin, sinon vous allez vous régaler ! Le casting est prestigieux, le scénario bien ficelé, l’humour omniprésent, les numéros musicaux (Eurovision oblige) spectaculaires et, cerise sur le gâteau, les paysages d’Hùsavik sont somptueux. Un film qui ne laisse pas indifférent, on aime ou on déteste, en ce qui nous concerne on a adoré !

Disponible sur Netflix.